mardi 29 juin 2010

La Palestine au temps de Jésus-Christ


1° LE NOUVEAU TESTAMENT
Les écrits des premiers chrétiens, des témoins de la vie de Jésus, apôtres ou compagnons d'apôtres, prirent de bonne heure une très grande valeur dans l'Église chrétienne.

La tradition orale, d'abord puissante, se perdait et devenait incertaine.
Les communautés avaient pris l'habitude de lire les livres des apôtres au culte public et les plaçaient sur le même rang que le Code sacré des Juifs, connu sous le nom d'Ancien Testament, et que leur avait transmis la Synagogue.

On donnait différents noms à cette collection de documents chrétiens.
Peu à peu, celui de Nouveau Testament, fut employé et généralement adopté.
Chaque Église avait le sien et il pouvait différer des autres.




Celle-ci acceptait tels livres et rejetait tels autres, celle-là faisait le contraire.
La plupart divisaient le recueil en deux parties : les livres incontestés, universellement admis, et les )ivres contestés, qui restaient l'objet de discussions plus ou moins critiques.
Enfin, au quatrième siècle, le choix définitif fut fait.
Un certain nombre d'écrits contestés disparurent de tous les recueils sacrés, et les autres, au contraire, prirent le rang et l'autorité des incontestés.
Le Nouveau Testament, sous sa forme actuelle, fut décidément fixé et joint à l'Ancien Testament, tous deux formèrent depuis ce temps ce qu'on appelle la Bible.

Les livres dont se compose le Nouveau Testament sont donc d'origines et de dates fort diverses, et, depuis plus d'un siècle, toutes les questions critiques possibles, authenticité, intégrité, historicité, etc., ont été soulevées à leur sujet.
Elles ont été discutées, résolues, puis remises en question, résolues autrement, étudiées de nouveau, et il en sera ainsi pendant longtemps encore.

Nous n'avons pas à nous engager ici dans ce dédale et à nous prononcer sur l'ensemble des problèmes si délicats et si importants soulevés par l'étude de chacun dès livres du Nouveau Testament.

Nous n'avons qu'à juger de leur valeur historique.

Pouvons-nous nous fier à leur témoignage, et les renseignements qu'ils nous donnent sur l'époque de Jésus et sur le Judaïsme du premier siècle en Palestine sont-ils dignes de foi ?

Telle est la question, et nous n'hésitons pas à la résoudre par l'affirmative.
Il importe de justifier en quelques mots cette réponse.



Le Nouveau Testament nous offre d'abord trois écrits, trois Evangiles appelés Evangiles synoptiques, parce qu'ils rapportent presque constamment les mêmes événements.
L'examen le plus superficiel leur donne une source commune ; ils ne forment à eux trois qu'un seul document, le document synoptique.
Sous leur forme actuelle, qu'ils aient été ou non précédés d'Evangiles aujourd'hui perdus, ils ont été écrits après l'an 60 et avant l'an 80.

Nous plaçons l'Evangile de Marc le premier, celui de Matthieu le deuxième , celui de Luc le troisième,

et, s'il fallait préciser les dates, nous dirions: l'Evangile de Marc a été écrit vers l'an 65; la rédaction grecque actuelle de l'Evangile de Matthieu fut faite un peu avant 70 et l'Evangile de Luc fut composé un peu après cette époque.



Le caractère anonyme de ces écrits, la simplicité, la naïveté avec lesquelles leurs auteurs composent leurs récits, donnant les faits sans beaucoup d'ordre ni de soin, les groupant les uns à la suite des autres et sans esprit critique (1) nous montrent assez que nous avons affaire à des chroniqueurs se bornant à collectionner ce que la tradition leur a transmis.

Les trois premiers Evangiles nous offrent des récits qui ont dû être conservés longtemps dans la tradition orale et que les Evangélistes ont insérés dans leurs ouvrages tels qu'on les récitait encore de leur temps.
Ils abondent en détails certainement exacts sur les Pharisiens, les Saducéens, les Scribes; ils nous donnent le spectacle authentique des discussions des Docteurs et des Rabbins, la vraie physionomie des croyances messianiques, la juste notion des coutumes du premier siècle.

Celles-ci apparaissent partout dans leur rédaction, et en particulier dans les paraboles du Christ dont les sujets étaient toujours empruntés à la vie sociale de ses auditeurs.
Les paroles que les Evangélistes placent dans la bouche des personnages qui sont en scène, les détails de moeurs épars ça et là dans les faits qu'ils rapportent, les révélations qu'ils renferment sur les coutumes, les doctrines, la vie religieuse des Juifs du premier siècle, tout cela est d'une sincérité et, par suite, d'une historicité incontestables.,

Les Evangélistes n'ont aucune prétention critique, aucun esprit de jugement ; ils sont simples et naïfs et, par conséquent, fidèles.


Le livre des Actes des Apôtres, continuation de l'Evangile de Luc, témoigne d'un esprit critique plus étendu.

Son auteur, qui, déjà dans le troisième Evangile, classait ses sources et les jugeait, a décidément ici ses préférences.

On ne peut méconnaître chez lui un désir de concilier les deux grandes tendances qui s'accusaient dans l'Eglise primitive, celle des Judéo-Chrétiens et celle des Pagano-Chrétiens.
Mais la discussion de ce problème, si intéressant pour la critique approfondie du livre des Actes, n'a point d'importance pour nous. Nous n'aurons, pour ainsi dire, aucun emprunt à faire à cet ouvrage.
Qu'il nous suffise de dire ici qu'il nous offre, à tout prendre, un tableau fidèle du monde juif et romain au premier siècle. Nous n'aurons point non plus à citer les Épîtres catholiques et l'Apocalypse.Ces livres, sauf peut-être l'Epître de Jacques, ont été écrits sous l'empire de pré-occupations étrangères au Judaïsme contemporain de la vie de Jésus.


Il reste les Épîtres de Paul et le quatrième Evangile.

Les Épîtres de Paul auront pour nous une importance capitale. Elles ont été écrites par un ancien Pharisien, par un homme qui a passé sa jeunesse à Jérusalem, qui y a vécu en même temps que Jésus et dans un monde différent, du sien, dans le .monde officiel des Docteurs et des Scribes. Il y a pris leurs habitudes de langage et de raisonnement, il est rompu à leur manière de discuter, il connaît à fond leurs doctrines, il les a lui-même crues et pratiquées.
Les Épîtres de Paul seront donc pour nous une mine inépuisable de renseignements sur la vie religieuse des Juifs contemporains de Jésus.


Le quatrième Evangile a un tout autre caractère.
Rédigé à la fin du premier siècle, il offre un mélange curieux de parties certainement historiques, de détails qui remontent irrécusablement à la vie de Jésus et de parties plus difficiles à accepter, de détails où la personnalité de l'auteur est presque seule en scène,
Aussi ce livre est-il peut-être le plus extraordinaire qui ait jamais été écrit.
Il est aussi difficile de nier son authenticité que d'admettre sa pleine et entière historicité.
Il reste et restera la croix des théologiens, pour employer la vieille expression consacrée.

Nous croyons qu'il est de l'apôtre Jean, soit qu'il ait été rédigé par lui, soit qu'il ait été écrit par ses disciples immédiats et sous son inspiration directe ; mais, à l'inverse des Synoptiques, son authenticité est pour nous plus évidente que son historicité.

Pour ceux-là, l'historicité est certaine et le nom de l'auteur importe peu.
Pour le quatrième Evangile, le nom de l'auteur importe beaucoup, mais, une fois qu'il est trouvé, il reste à faire la part de sa personnalité dans la rédaction de son livre, ce qui est d'une inextricable difficulté.

Nous ne le consulterons donc qu'avec prudence; mais, en même temps, avec confiance, car nous n'oublierons pas que c'est Jésus qui a créé la personnalité de Jean et non pas Jean celle de Jésus.
Nous contrôlerons toujours les données du quatrième Evangéliste par celles des Synoptiques, mais elles auront pour nous, de prime abord, une grande autorité, car elles nous donnent, elles aussi, sur le milieu dans lequel Jésus a vécu, des renseignements dont il nous semble impossible de méconnaître la vérité.
Par Edmond Stapfer. Professeur à la Faculté de théologie protestante de Paris

.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...